Téméraire, t.1: Les dragons de Sa Majesté, de Naomi Novik

Publié le par Black Moon Dream

Les dragons de Sa Majesté est le 1er tome du cycle de Téméraire, composé pour l'heure de cinq romans dont quatre sont déjà parus en France, et écrit par Naomi Novik, une auteure américaine. Ce cycle appartient au sous-genre de la fantasy historique, et dans le genre plus général du fantastique.

 

titre-temeraire.jpgL'action du roman se situe au début du XIXe siècle, dans les années 1800, durant les guerres napoléoniennes. Nous nous retrouvons du côté des Anglais, les Français ayant donc le rôle des "mauvais" dans l'affaire. Au cours d'une prise d'un navire français, le capitaine Will Laurence met la main sur ce qui s'avère très vite être un oeuf de dragon malheureusement sur le point d'éclore, butin très rare et convoité. L'Angleterre, contrairement à la France, a en effet un grave déficit en dragons de combat pour son armée de l'air, les Aerial Corps. Afin que le dragon ne devienne pas sauvage à l'éclosion, le capitaine organise un tirage au sort pour désigner celui qui sera chargé de devenir son maître et de lui passer le harnais, étape indispensable pour le "domestiquer". Cependant, à la naissance, le dragonneau choisit de lui-même Laurence, qui est contraint de lui passer le harnais, renonçant du même coup, non sans regrets, à sa vie d'officier de la Navy, vie qu'il apprécie pourtant beaucoup. Dès lors, le jeune homme et son dragon qu'il a baptisé Téméraire, vont devoir rejoindre les Aerial Corps pour y suivre une formation accélérée. Laurence perdra tout dans l'affaire: sa fiancée, son héritage, la considération (déjà bien maigre auparavant) de son père et de ses pairs de noble naissance. Il devra en plus essuyer le mépris des autres aviateurs qui considèrent que laisser un dragon aussi rare que Téméraire entre les mains d'un marin relève presque de l'hérésie.

 

Maintenant que la présentation est faite, passons à la critique. Je dois avouer que tout d'abord, lorsque j'ai déniché par hasard ce roman dans le rayon à la librairie, j'ai été rebutée. En effet, je m'attendais à me retrouver avec du déjà-vu, une sorte d'Eragon revu et corrigé pour les adultes. J'ai donc soigneusement remis le premier tome en rayon pour jeter mon dévolu sur autre chose.

C'est en discutant sur un site bien éloigné de la littérature, avec un membre également féru de fantasy, que j'ai à nouveau eu vent de ce roman, car la personne en question était en train de le lire, et apparemment, avec un avis très positif dessus. Cela a donc titillé ma mémoire, et j'ai décidé de retourner faire un saut en librairie un jour suivant pour me le procurer. Dès que Le Royaume de Tobin fut bouclé, je m'y suis attelée.

Que dire en premier si ce n'est que j'ai été agréablement surprise? En tant qu'étudiante en Histoire, j'ai un regard assez critique quand un roman mélange aussi bien les faits historiques que la fiction. De ce point de vue là, pas le moindre souci: l'auteur connaît la période et y évolue avec aisance, sans toutefois nous assommer d'évènements historiques, de noms ou de dates à outrance. Ce contexte sert plutôt de background au roman, qui n'en est nullement moins crédible. Novik réussit si bien à intégrer les dragons dans le monde passé qu'on en parvient presque à douter du fait qu'ils n'aient jamais existé (elle les fait notamment figurer comme armée de l'air dès l'Antiquité, les Romains ayant été les premiers à parvenir à domestiquer ces grandes créatures). Il est d'ailleurs amusant d'avoir des références à des oeuvres d'art connues, où sont intégrés des dragons.

 

Du côté des charmantes bébêtes à proprement parler, on peut retrouver là aussi une originalité. Si le fait qu'ils se http://www.decitre.fr/gi/36/9782842282936FS.gifdévouent corps et âme à un "maître" (qui sera plus un ami très cher), qu'ils soient intelligents (pour la plupart, certains étant plus stupides que d'autres) et doués de parole, et qu'ils bénéficient d'une grande longévité n'est pas sans rappeler Eragon, on pourra cependant trouver des différences notables qui donnent de la fraîcheur à l'oeuvre et l'écartent définitivement du cycle de l'Héritage.

Pour commencer, les dragons se déclinent en de nombreuses races adaptées à divers besoins (combat, service postal, espionnage...) grâce à l'élevage et aux croisements, comme le seraient des chiens ou des chevaux. Chaque pays possède de nombreuses races qui lui sont propres, comme le gigantesque Regal Copper anglais, le redoutable Flamme-de-Gloire français ou le rarissime et raffiné Céleste chinois. Ces races sont de tailles, couleurs et de comportements très variables, et peuvent être classés en deux catégories: les dragons lourds, très prisés pour le combat, et les dragons légers, utilisés aussi bien pour le service postal que pour le combat dans les formations militaires.

Les dragons sont naturellement montés au combat par leur capitaine, mais également, et là est l'originalité, par tout un équipage comme on pourrait le trouver dans un avion. Chaque dragon, même petit, possède à la fois une équipe au sol, chargée de l'entretien des harnais et du bien-être de la bête, et une équipe de combat, composée de fusiliers, d'enseignes, etc... Afin de chevaucher les dragons, ces hommes sont équipés d'un harnais à boucles afin de pouvoir évoluer sur la créature en vol en se servant des mousquetons pour s'accrocher aux nombreux anneaux du harnais. Naturellement, selon sa taille, le dragon peut emporter plus ou moins d'hommes. Les plus petits, comme les Winchesters anglais, ne servant pas durant les batailles, n'ont par ailleurs qu'une équipe au sol.

On pourra également noter que tous les dragons ne possèdent pas la capacité de cracher du feu, contrairement à l'image classique que l'on en a. C'est même une faculté plutôt rare et recherchée que possèdent certaines races comme le Flamme-de-Gloire. Si la plupart ne sont dotés d'aucune capacité à cracher quoi que ce soit, certains peuvent cracher de l'acide, tel que le Longwing anglais, ou alors une puissante onde sonore, tel que le Céleste (faculté appelée chez cette race "Vent Divin"). Novik a également pris la peine d'intégrer des femmes dans les rangs des Aerial Corps, en dotant les Longwings de la particularité de n'accepter que des capitaines femmes, alors qu'évidemment, à l'époque, seuls les hommes font la guerre (c'est d'ailleurs pour cette raison que l'existance des femmes capitaines reste cachée à la face du monde). Pour finir, les dragons ne sont pas plus dotés de magie que leur capitaine.

Enfin, si les dragons sont dotés d'une prodigieuse longévité (plusieurs centaines d'années), ce n'est pas le cas de leur capitaine. Celui-ci meurt donc pratiquement toujours avant son dragon, car son espérance de vie est bien plus courte. Après le décès de son capitaine, le dragon peut refuser d'en accepter un autre, car son attachement pour l'ancien était extrêmement fort. Pour faciliter les choses, c'est bien souvent le fils (la fille dans le cas du Longwing) ou le petit-fils qui prend la relève, car il est plus proche de l'être perdu, et lui aussi affecté par sa disparition.

 

Du côté des personnages à présent. Le moins que l'on puisse dire est qu'ils sont sympathiques et hauts en couleur. Laurence, avec son sens aigu du devoir et son comportement de gentleman, a pourtant une légère tendance à la susceptibilité, et le fait d'avoir reçu une éducation de marin et non d'aviateur (ces derniers vivant en ermites loin de la société pour pouvoir s'occuper de leurs dragons) ne facilite absolument pas le contact avec les autres. Cependant, son sens aigu de la justice et sa bonté naturelle en font un personnage attachant.

Téméraire quant à lui, est un dragon curieux et intelligent, presque un peu trop humain, se passionnant pour la littérature, les mathématiques, les sciences et les langues, et ses facéties involontaires m'ont plus d'une fois fait rire toute seule dans mon coin.

Quant aux personnages secondaires, ils sont également soignés et agréables. Même s'il y en a un certain nombre, on n'a aucun mal à retenir qui est qui, tant au niveau des humains que des dragons, et l'auteur a fourni un travail soigné pour la personnalité et l'histoire personnelle de chacun.

 

Pour conclure, je dirais que ce premier tome du cycle se lit particulièrement bien. Très agréable, original et rafraîchissant, il est abordable pour un large public, car la plume facile et fluide de Naomi Novik se laisse lire sans peine. De plus, il n'est pas utile d'être une pointure en Histoire pour l'essayer, et comprendre.

Bref, c'est une lecture que je conseille vivement à tous ceux qui voudraient tenter l'aventure. Vous ne serez pas déçus, et vous pourrez découvrir un agréable cycle!

Publié dans Livres

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